Au nom d’Allâh le Très-Miséricordieux, le Miséricordieux.
Voici une brève biographie qui retrace la vie de ce noble chaykh qu’était Chaykh Ahmad at-Tijâniyy al-Hasaniyy رضي الله تعالى عنه, le Pôle caché.
Qu’Allâh سبحانه و تعالى nous donne la connaissance et nous immerge dans l’amour de Chaykh Aboû l-`Abbâs Ahmad ibn Mouhammad at-Tijâniyy, héritier complet de notre maître et seigneur Mouhammad صلى الله عليه وسلم. Il est certes celui qui change les ténèbres des âmes en lumière splendide et unique.
Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه est le fils du vertueux Mouhammad ibn al-Moukhtâr ibn Ahmad ibn Mouhammad ibn Salâm, et de la pure et honorable `Â’ichah, qu’Allâh soit satisfait d’eux. Son nom complet est Aboû l-`Abbâs Ahmad ibn Mouhammad at-Tijâniyy, né le douzième jour de Safar 1150 h. (1737 g.) à `Ayn Mâdî, une petite ville du sud-ouest Algérien. `Ayn Mâdî est le village choisi par le quatrième aïeul de Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه, Sayyidî al-Moukhtâr, originaire de Marrakech, qui avait émigré moins d’un siècle auparavant. Cet homme éminent n’avait fait que se déplacer d’une région marocaine à une autre, car `Ayn Mâdî, chef-lieu de la tribu Tijâniyy, faisait partie du Sahara oriental dépendant alors du Maroc. Sayyidî al-Moukhtâr s’intégra par alliance au sein du groupement tribal des Tijâniyy.
Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه est le descendant d’une lignée qui ne compte que d’illustres saints et savants. Celle-ci remonte jusqu’au Prophète صلى الله عليه وسلم par notre maître `Aliyy et Fâtimah Az-Zahrah via leur fils al-Hasan رضي الله تعالى عنهم. Cette affirmation fut authentifiée par le Prophète صلى الله عليه وسلم lui-même lors d’une vision à l’état de veille par Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه.
C’est dans cet environnement familial qu’il eût tôt fait de s’initier aux différents savoirs religieux.
Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه a passé son enfance chez ses parents. Il mémorisa le Qour’ân à l’âge de sept ans sous l’éducation du remarquable Chaykh Mouhammad Hammoû At-Tijâniyy avant de passer à l’étude de la jurisprudence et ses fondements selon l’école de l’Imam Mâlik, des traditions prophétiques (ahâdîth), de l’exégèse du Qour’ân (tafsîr), la récitation coranique (tajwîd), la grammaire arabe (nahw) et la littérature (adab), parmi les sciences islamiques traditionnelles. Il mémorisa des ouvrages notoires dans le hadîth, à l’instar des Six Livres de la Sounnah, dans la jurisprudence, à l’instar du Moukhtasar du Chaykh Khalîl, et autre que cela. Il maîtrisa toutes ces disciplines à un très jeune âge, en partie en raison de la force de sa volonté, mais aussi en raison de la qualité de ses enseignants ; en effet, Allâh a mis sur son chemin dans chacune des disciplines qu’il apprenait le savant qui avait atteint le degré le plus éminent dans cette science. Sa prodigieuse capacité d’apprendre et son intelligence hors du commun était telle que rien n’échappait à sa réalisation. Tout ce qu’il commençait, il le finissait et tout ce qu’il entamait, il le complétait. Alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme, les gens de son village et du désert affluaient à lui pour profiter de sa connaissance. Toutefois, une soif de savoir subsistait en lui, laissant présager un destin extraordinaire…
Son père le maria alors qu’il avait 16 ans, avant de mourir avec son épouse le même jour, à la suite d’une épidémie de peste. Mais, cela n’entacha en rien son désir ardent de connaissance.
Sa quête le poussa à l’âge de 20 ans à quitter sa ville natale pour partir à la recherche de ceux qui détenaient la connaissance Divine. Il manifesta très tôt un vif intérêt pour le Soufisme (at-Tasawwouf). Il découvrit très jeune ses aspects, ses stations (maqâmât), et la connaissance des grands chouyoûkh.
Il quitta donc `Ayn Mâdî pour Jabal Zaytoûn et se fît hôte d’un grand saint d’Allâh, connu pour la beauté de sa lecture du Qour’ân. Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه resta auprès de lui et y apprit la science du tajwîd.
Après cela, il se rendit en Tunisie où il séjourna, enseignant l’ensemble des branches du savoir aux étudiants. De tous les coins du pays lui parvenaient constamment les questions de savants. Devant l’étendue de sa science, l’émir du pays lui envoya un message lui demandant de s’installer à Tunis pour y enseigner la noble science et s’occuper des affaires religieuses, mettant à sa disposition une demeure, un salaire important et la célèbre université az-Zaytoûnah. Lorsque Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه reçut la lettre de l’émir, il se tut ; le lendemain il se sauva et prit un bateau pour Le Caire, en Égypte, avec la ferme intention de rencontrer le célèbre saint, le Maître majestueux et le Connaissant parfait Mahmoûd al-Kourdiyy رضي الله تعالى عنه, originaire d’Irak.
Lors de leur première rencontre, celui-ci dit à Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه : « Tu es aimé par Allâh dans ce monde ainsi que dans l’au-delà. »
Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه lui demanda : « D’où te vient cela ? »
Chaykh Mahmoûd al-Kourdiyy رضي الله تعالى عنه lui répondit : « D’Allâh ! »
Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه lui dit alors : « Je t’ai vu alors que j’étais en Tunisie et je t’ai dit : je suis entièrement en acier. Tu m’as répondu : oui ! C’est ainsi et je vais transformer ton acier en or. »
Lorsque Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه raconta cela, Chaykh Mahmoûd al-Kourdiyy lui répondit : « Oui, c’est comme tu as vu. »
Quelques jours plus tard Chaykh Mahmoûd al-Kourdiyy interrogea Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه sur ses ambitions, ce à quoi il répondit : « J’ambitionne d’accéder au degré de Pôle Suprême (al-Qoutbaniyyah al-`Oudhmâ). »
Le célèbre maître lui affirma alors : « Ô Mon ami ! Le Très-Haut te réserve beaucoup plus que cela. »
Après un long séjour au Caire, Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه entreprit de poursuivre son voyage fructueux et béni en direction de La Mecque Anoblie.
Il finit par rejoindre la ville sainte de La Mecque. Un grand saint du nom de Ahmad ibn `Abdi-Llâh al-Hindiyy le vit à son arrivée à la Mecque, mais d’une façon singulière. Il ne s’agit pas d’une vision opérée par les deux yeux, mais du dévoilement (kachf), dévoilement qui lui permit de savoir qu’un grand saint était entré dans la ville honorée. Il envoya son disciple remettre une lettre dans laquelle il lui disait :
« Monseigneur Ahmad at-Tijâniyy, tu es celui qui a hérité de mon savoir, le porteur de ma lumière et de mes stations, mes lumières (anwâr) et mes ouvertures en Allâh. »
A la lecture de cette grande missive, Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه revint au Chaykh Ahmad ibn `Abdi-Llâh al-Hindiyy avec son disciple. Chaykh Ahmad ibn `Abdi-Llâh al-Hindiyy transmit ainsi à Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه tout ce qu’il détenait en sciences, secrets et lumières, et rendit l’âme après lui avoir confié l’initiation de son fils unique.
Il lui annonça aussi sa rencontre imminente avec le grand saint et Pôle des pôles de cette époque (al-Qoutb al-Jâmi`), Sayyidî Mouhammad ibn `Abdi l-Karîm Sammân . En effet, il le rencontra à Médine. Lorsqu’ils se rencontrèrent, Sayyidî Mouhammad ibn `Abdi l-Karîm Sammân honora grandement Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه et lui dit : « Sois le bienvenu. Je te demanderai de faire une retraite (khalwah) de trois jours, afin que je puisse te plonger entièrement dans la position d’obtention d’une grande ouverture. »
Après Médine L’illuminée et la visite de la tombe du Prophète صلى الله عليه وسلم, Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه rejoignit Le Caire. Là, il retrouva Chaykh Mahmoûd al-Kourdiyy. Ce dernier l’honora par-dessus tout et le pria de lui rendre beaucoup visite.
A chaque visite, il recevait des questions profondes et fines, axées sur les sommets de la science. Il répondait à toutes ces questions avec science et pédagogie, de façon claire et dans une langue arabe raffinée. Les savants égyptiens ne tarirent point. Ils affluaient de tout le pays pour le rencontrer en vertu des prodiges qui découlaient de son savoir. Toutes ses réponses, basées sur le Qour’ân et les hadîth, provoquaient l’étonnement et la stupéfaction des savants Égyptiens. Il était très rare de rencontrer un tel puit de science. Durant ces jours, Chaykh Mahmoûd al-Kourdiyy lui transmit la voie Khalwatiyyah, en lui délivrant l’autorisation afin qu’il initie, éduque et forme ses disciples à cette voie.
Après cela, il se rendit au Maroc, transitant par la Tunisie. Il demeura quelques années à Tlemcen, éduquant les hommes, et les amenant à Allâh.
En l’an 1191 h., Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه se rendit à Fez. C’est sur le chemin qu’il rencontra `Aliyy Harâzim pour la première fois. Il lui dit :
« Tu as vu en songe il y a longtemps de cela que ton initiateur dans la Voie est Ahmad at-Tijâniyy. »
« Oui, c’est vrai », répondit `Aliyy Harâzim.
« Je suis Ahmad at-Tijâniyy », lui dit-il.
`Aliyy Harâzim رضي الله تعالى عنه lui prêta serment d’allégeance sur le champ. Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه l’autorisa à réciter le wird khalwatiyy qu’il tenait de Chaykh Mahmoûd al-Kourdiyy. `Aliyy Harâzim رضي الله تعالى عنه resta auprès de Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه jusqu’à sa mort. Après sa ziyârah, il retourna à Tlemcen où il enseigna plusieurs années, non sans avoir fait le vœu de revenir habiter à Fès qu’il avait trouvée à sa convenance. Durant toutes ces années, Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه a rencontré de grands saints et s’est affilié à plusieurs voies, parmi elles : la voie du pôle Mawlânâ Tayyib ibn Mouhammad رضي الله تعالى عنه, la voie qâdiriyyah qu’il prit à Fès, la voie Nasriyyah qu’il prit auprès du saint Mouhammad ibn `Abdi-Llâh at-Tawzâniyy ; puis il y eu la voie du pôle Ahmad al-Habîb ibn Mouhammad, connu sous l’appellation al-Ghamâriyy as-Sîjalmâsiyy. Il prit aussi du saint Ahmad at-Tawâchiyy, qui lui dit : « Il te faut la retraite (khalwah), la solitude (wahdah) et le dhikr. Patiente jusqu’à ce qu’Allâh t’ouvre, car tu vas avoir une station immense ».
Il fut aimé et respecté pour sa grande science et sa sagesse. Il répondait à ceux qui l’interrogeaient sur l’identité du grand érudit auprès de qui il aurait puisé un si large savoir : « Je n’ai pas reçu ce savoir d’une seule personne, mais de tous ceux que j’ai rencontrés. »
Il quitta Tlemcen, passa et s’arrêta dans certaines villes pour aller ensuite s’isoler dans le désert algérien, dans les villages de Chellala et Boussemghoune. C’est dans le village de Boussemghoune que le Prophète صلى الله عليه وسلم apparu à Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه à l’état de veille, lui annonçant :
« Ô Ahmad at-Tijâniyy, tu es mon fils en toute vérité (Il lui répéta cela trois fois). Abandonne tous les maîtres et l’ensemble des wird. Je suis ton maître, ton initiateur et ton responsable. »
Le Prophète صلى الله عليه وسلم lui enseigna le wird et les conditions de la voie, et lui dit :
« Prends cela et fais-en ta Voie. Quiconque le prend de toi entre au paradis avec ses deux parents, ses enfants, ses femmes et ses gendres, sans être jugés ni châtiés, et ils habiteront avec moi au paradis le plus élevé. Tu es celui qui intercède pour tout pêcheur qui dépend de toi. Prends cette Voie en dehors de toute fatigue pour ton âme. Et tiens-toi à cela jusqu’à ce tu obtiennes la station qui t’était promise. »
Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه devint donc le dépositaire de la voie spirituelle du Prophète-même صلى الله عليه وسلم, voie qui renferme en elle toutes les autres voies. C’est de cette rencontre extraordinaire que Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه obtint la grande ouverture vers Allâh. Le Prophète صلى الله عليه وسلم lui dit encore :
« Maintiens-toi dans cette Voie sans te retirer du monde, ni cesser d’être en relation avec les hommes, jusqu’à ce que tu atteignes la station spirituelle qui t’es promise, tout en gardant ton état, sans grande gêne, ni difficulté, ni effort cultuel excessif. Renonce désormais à tous les saints. »
Voici la Voie d’entre les voies, telle la Communauté du Prophète صلى الله عليه وسلم entre les communautés : la Tarîqah Ahmadiyyah Tijâniyyah, la Voie du Prophète صلى الله عليه وسلم par son héritier Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه.
Il reçut d’année en année l’initiation directe du Prophète صلى الله عليه وسلم ainsi que l’ordre et l’autorisation d’appeler les gens à cette voie. S’ensuivit alors une période de propagation de la voie dans cette région, les gens affluant de multiples contrées pour tirer profit de sa barakah et de ce que lui avait confié le Prophète صلى الله عليه وسلم.
Tout comme le Prophète صلى الله عليه وسلم dû émigrer de La Mecque vers Médine, Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه dû le faire de Boussemghoune vers Fès. C’est de là-bas qu’il prit en charge l’initiation et l’éducation de ses disciples, leur éclairant la voie qui mène à Allâh.
C’est lors d’une nuit du mois de Mouharram de l’année 1214 h. qu’il atteignit deux stations uniques dans la hiérarchie spirituelle des saints : celle de la Khatmiyyah (le Sceau des saints : il clôture pour toujours les degrés de la sainteté) et celle de la Katmiyyah (le Pôle caché : station spirituelle connue seulement d’Allâh et de son Prophète صلى الله عليه وسلم).
Il رضي الله تعالى عنه dit à ce sujet : « Le Maître de l’existence صلى الله عليه وسلم m’a informé de vive voix que je suis le Pôle caché, cela à l’état de veille et non en rêve…et que tout saint ne boit et n’est abreuvé que de notre océan depuis la création jusqu’au jour où l’on soufflera dans le Cor. L’être du Prophète صلى الله عليه وسلم irrigue les êtres des messagers et prophètes ; mon être irrigue les pôles, les connaissants d’Allah et les saints depuis la préexistence et, ce, pour l’éternité. »
Chaykh Ahmad at-Tijâniyy رضي الله تعالى عنه a passé trente-quatre ans dans sa voie, initiant par des dhikr qui apaisent l’âme et une éducation qui libère l’esprit. Il fut rappelé par son Seigneur le 17 du mois de Chawwâl 1230 h., après la prière de l’aube, à 80 ans. Il comptait alors 124 000 disciples. Aujourd’hui, 300 millions de disciples se réclament de lui à travers le monde.