Bismillâhi, as salâtou wa salâmou ‘alâ Rassoulillâhi. As salâmou’ alaykûm wa rahmatoullahi wa barakatou.
Le but ultime de chaque être humain, but pour lequel il a été crée, est de connaitre son Seigneur. En effet, Allâh nous dit dans le Qour’ân :
Je n’ai créé les génies et les hommes que pour qu’ils M’adorent.
[Ad-Dâriyât/ 56]
Adorer Allâh dans le sens de le connaitre. Pour ce faire, chaque personne consciencieuse qui désire se délivrer, tôt ou tard, de ses mauvais penchants, doit se faire guider par un chaykh, un maitre, ayant une parfaite connaissance des défauts de l’âme et de la manière dont on peut s’en défaire. Ces défauts sont un obstacle entre lui et Allâh, et il ne saurait arriver seul à les surmonter. En effet la voie menant à Allâh est périlleuse. Progressant sur le chemin, l’aspirant à la proximité divine rencontre diverses épreuves, toutes se trouvent en lui-même. Le cœur est comme un océan. Tantôt, ses eaux sont calmes et tranquilles, tantôt, elles s’élèvent à des hauteurs terrifiantes au milieu d’une violente tempête. Et de la même manière que le navire a besoin d’un capitaine pour le mener hors des eaux tumultueuses, le disciple a besoin d’un maitre éducateur. Ce maitre, c’est le Chaykh.
Aboû l-Hasan ach-Chouchtârî a dit :
Il (l’aspirant) ne peut se passer de confier son cas à quelqu’un qui ordonnera le bien, lui interdira le mal et veillera sur lui, car le chemin est dangereux : peu sont les voyageurs et nombreux sont les obstacles. Le voyageur pense souvent qu’il est au milieu de la route alors qu’il tourne déjà le dos à sa cible. Il aurait seulement besoin de s’éloigner d’un doigt pour s’écarter du chemin et se perdre. En vérité, le chemin est étroit pour celui qui suit une âme imprégnée d’habitudes bestiales et immorales. Le démon de ce chemin est parfaitement conscient de ses stations et de ses pas.
Les savants sont les héritiers des Prophètes. Les Prophètes ne lèguent ni dinar ni dirham : ils lèguent la science. Celui qui s’en emparera se pourvoira d’un privilège grandissant.
Il ne fait aucun doute qu’une partie des connaissances que les Prophètes ont laissé en héritage est la science de la purification de l’âme.
Chaykh Ahmad At-Tijânî (رضي الله تعالى عنه) a répondu au sujet de l’obligation ou non de suivre un chaykh, en disant :
Se faire guider par un Chaykh n’est pas une obligation canonique qui entraînerait une récompense si elle est observée, et un châtiment dans le cas contraire. Elle n’en demeure pas moins une obligation logique (min jihat an-nazar). Ainsi, l’assoiffé qui ne s’inquiète pas de trouver de l’eau, périra. Logiquement parlant, l’assoiffé doit chercher de l’eau pour survivre. Logiquement aussi, les gens ont été créées pour adorer Allâh et retourner à Lui : tel doit être le seul but. Connaissant les empêchements qu’il rencontre en lui-même dans l’accomplissement de ses devoirs religieux et moraux, sur le chemin qui mène à Allâh, sachant qu’il ne pourra échapper à Allah s’il suit ses mauvais penchants et ses passions, le disciple constate logiquement, dans cet état des choses, qu’il doit se faire guider par un Chaykh. Cette obligation logique est une obligation naturelle non canonique. En effet, la loi n’exige que l’accomplissement des devoirs prescrit par Allâh, intérieurement comme extérieurement. Nul n’est excusable de négliger ces devoirs sous prétexte que sa volonté est dominée par ses mauvais penchants. La loi exige l’accomplissement de ces devoirs et prévoit des châtiments pour ceux qui les négligent.
Al-Hâjj `Oumar al Foûtî (رضي الله تعالى عنه) commente cette parole dans son ouvrage ar-Rimâh en disant :
Telle à été la réponse de notre Chaykh. La seule obligation valable dans ce domaine est donc de se faire instruire par un Chaykh sur les devoirs à remplir, et les interdits légaux à observer. Tout ignorant doit se faire un devoir de se faire instruire par un Chaykh de ce genre. Par ailleurs, d’autre maîtres sont à suivre, non pas par obligation canonique, mais par voie de logique, à l’exemple du malade, miné par le mal, qu’aucun remède n’a pu guérir et dont la santé est ruinée. S’il tient à guérir, il devra se faire soigner par un médecin habile, capable aussi bien de dépister la mal et ses origines que de savoir prescrire le remède susceptible de le guérir. Toutefois, si ce malade désire rester dans son état, cela le regarde.
Si l’on est attentif à la manière dont Allâh a établi les choses, nous pouvons observer que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a lui-même suivi les instructions de l’ange Jibrîl et que les compagnons (رضي الله تعالى عنهم) ont eux-même suivi les directives du Prophète (صلى الله عليه وسلم). Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) était une école à lui seul, et les compagnons ont été transformés extérieurement et intérieurement par sa main. L’éducation du Prophète a transformé le métal rouillé en or.